Déjà au milieu des hangars ou je déambule, en ce jour férié du 1er mai, j'ai la chair de poule chaque fois que j'aperçois le mastodonte de béton apparaître au loin. Sorte de pèlerinage, il me faut environ deux heures de marche pour enfin arriver devant un premier panneau, indiquant aux pèlerins férus d'architecture, la route de Rezé, ou se situe la Cité Radieuse de Charles-Édouard Le Corbusier.
Le bâtiment détonne du paysage environnant. Rezé étais jadis un petit village et l'ombre de la cité semble assombrir l'église blanche du village. J'avais envie de questionner les gens, ceux qui me regardaient sans trop comprendre pourquoi, comme tant d'autres, je venais admirer le paravent coupe soleil. Je ne l'ai pas fait. Peut-être que j'avais peur qu'ils me disent que la saveur du village était altérée par par un bâtiment froid, inscrit aux Monuments Historiques depuis 2001 (peut être bientôt au patrimoine mondial de L'Unesco), visité par quelques pèlerins chaque mois.
La construction entamée en 1952, il fallut 18 mois de travaux avant d'accueillir les premiers habitants de ce village vertical. Le bâtiment à lui seul représente l'esprit de la modernité de l'époque. Devant la pénurie de logement social et l'urgence de reconstruction en cette période d'après guerre, les unités d'habitation donnent des réponses très appréciées par les habitants. De plus, tout dans la construction était réfléchi dans une dimension humaine. Les surfaces habitables des appartements étaient de loin supérieures à celles des logements HLM. Les unités comprenaient des cuisines "américaines", des salles d'eau avec eau chaude, et tout l'aménagement avait été pensé dans le but d'aider les femmes dans leurs tâches ménagères.
Le système de location coopérative permettait aux locataires de devenir propriétaires au bout de soixante-cinq ans. A ce terme, les coopérateurs seraient propriétaires de l’immeuble ce qui empêchait alors toute spéculation extérieure et touchait ainsi à la vraie socialisation de l’habitat . Cette formule favorisait "l'esprit maison", mais aussi permettait à chacun de se responsabiliser et de participer à la vie commune de l'immeuble. L’autogestion était ancrée dans l’esprit de la Maison Radieuse : un habitant c’était une voix, tous les habitants étaient semblables.
Les unités furent les premières construites avec la cuisine au fond de l'espace, sans ouverture vers l'extérieur mais équipée d'un passe plat afin que la cuisinière puisse garder contact avec la famille tout en préparant les repas. Encore aujourd'hui, la plupart des nouvelles habitations sont construites suivant ce modèle.
La terrasse sur le toit abrite l'école maternelle, le parc boisé de 6 hectares comprend des aires de jeux, des jardins familiaux et un plan d'eau. La cité est en soi un réel village en hauteur offrant un mode de vie quasi autarcique.
La Maison Radieuse, encadrée par le béton de l'ancienne fabrique de glace, pèse de toute sa présence. Moi aussi, j'ai fait pas mal de photo de la M.R. celle-ci est remarquable.
RépondreSupprimerSuper blog monsieur Luc.reze Etonnant j'ai travaillé a ce bar de quebec L'amour Sorcier pendant nombre d'années
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